Aujourd'hui, j'ai 30 ans (j'ai eu la bonne idée de naître un jour férié).
Ouais je passe ce putain de cap de la trentaine et j’avoue ça me fait un peu chier (j’ai 30 ans j’ai le droit d’être vulgaire).
Quand j'étais petite, je pensais qu'à 30 ans, j'aurai une grande maison, un mari, un golden retriever, des enfants (un garçon, une fille), soit le parfait package de film romantique américain, avec tatoué en gros sur mon front LA NORMALITÉ.
Je voulais faire chanteuse (je sais pas chanter), actrice (je sais pas jouer), être multimilliardaire (je joue jamais au loto) ou encore maîtresse (d'école) le jour et "prostitouchkov" la nuit : mes frères m'avaient convaincus que faire le tapin était un métier formidable. Mes parents devaient être très fiers quand je leur ai présenté ce plan de carrière...
La vie finalement, c'est comme un peu comme les dragées surprise de Bertie Crochu (les fans d’Harry Potter sauront) : tu sais pas sur quoi tu va tomber et ça se passe jamais comme prévu.
Je ne suis pas devenue chanteuse (à part sous la douche), ni actrice (´fin paraît que je sais bien jouer la comédie quand il s'agit de dire « mais nooooon j’ai pas acheter de nouvelles palettes de maquillage ») et encore moins maîtresse le jour (j'ai une patience limitée avec les enfants) ni prostitouchkov la nuit. J'ai toujours mon petit apart' (souvent en bordel d’ailleurs #meuflaplusbordeliquedumonde), j'ai un chat complètement jeté (littéralement : Éris aime se jeter sur la porte d'entrée ou la porte fenêtre pendant ses quarts d'heure de folie) mais pas de chien, j’ai pas de mari mais un homme formidable à mes côtés depuis déjà 4 ans et j'ai l'impression d'avoir toujours 5 ans d'âge mental.
J'aime traîner le week-end en pyjama lapin et pantoufles licornes aux pieds, j'aime regarder des dessins animés, j'aime prendre mon bol de chocolat chaud au lit et je rigole quand quelqu'un fait un prout (les mecs c'est sérieux : ne m'achetez jamais un coussin péteur, ça me fait la soirée). Je procrastine souvent, je suis tête en l'air ("ouuuups j'ai oublié de sortir le linge de la machine") et mon cerveau me dit parfois "mais putain grandit !"
Il paraît qu'à 30 ans, c'est l'âge où on se sent le plus accompli. Je serais tentée de dire oui et pourtant parfois cette décennie me fout les boules.
Cette décennie où la pression sociale ne fait qu'augmenter : ça va de ta collègue qui te demande si tu vas bientôt te marier à Tati Germaine qui te demande "Et les enfants c'est pour quaaaaand ?" parce que quand même ton horloge biologique tourne.
Cet âge où on te demande de te comporter en adulte responsable : désolé j'ai jamais su faire.
Cet âge charnière avec lequel j'ai l'impression d'être en complet décalage : plus une enfant mais en même temps pas totalement une adulte. Vieillir je l’avoue me fait peur, moi la grande enfant que je suis toujours un peu.
Je n’aime pas voir mon visage changé (coucou les paupières tombantes qui me donne l’air d’un poisson neurasthénique et les rides qui s’installent comme celles du sillon nasogénien qui me donnent petit à petit l’air d’un bouledogue). Je n’aime pas devoir jouer de trop a l’adulte parce que j’ai plus l’âge pour les enfantillages.
Pourtant à 30 ans, je me sens étonemment de plus en plus accomplie !
J’ose être de plus en plus moi. De gueuler si j’ai envie et tant pis si ça plait pas. D’oser me teindre les cheveux en violet et bleu parce que j’aime le violet et bleu et que les cheveux licornes c’est quand même drôlement fun. De porter ce que j’ai envie et tout un tas d’autres choses en fait où je me sens enfin légitime de les faire sans avoir de comptes à rendre à personnes.
Il a fallut attendre mes 30 ans pour envoyer valser bon nombres de choses qui au final me pourrissait plus la vie qu’autre chose. Des amitiés se sont par exemples terminées quand j’ai pu à contrario en renforcer d’autres. J’ai affirmées mes prises de positions et je compte bien être de plus en plus engagées dans les choses qui me tiennent à cœur. 2017 fut d'ailleurs une année charnière !
Il me reste encore beaucoup de choses à faire, beaucoup de point sur lesquels mon opinions a besoin de grandir et évoluer mais à 30 ans, je sens qu’enfin je prend le bon chemin, celui qui me permettra d’être en paix avec moi même. Vous avez d’ailleurs été quelques unes à le constater sur le ton même du blog !
Si avant je m’efforçais de garder un peu de distance et donner une image relativement lisse, je me suis rendue compte qu'au final ce n’était juste pas moi et je ne pouvais plus supporter de mettre ce masque. Oui en vrai je suis un peu (beaucoup) vulgaire, oui je ronchonne tout le temps, oui j’ai un humour pipi/caca et oui tout ça fait partie de ma personnalité.
Cela inclu également de se mettre quelques personnes à dos et de parfois aller à la confrontation mais est-ce si grave ? A 30 ans, j'ai compris qu'il ne servait à rien de vouloir plaire à tout le monde et j'essaie de plus en plus de me départir de l'avis d'autrui même si encore maintenant ce n'est pas forcément chose évidente ! L’essentiel ce n’est pas d’être ce que les autres attendent de moi mais d’être en accord avec soi.
Même si j’ai encore des zones d’ombres et que j’ai beaucoup de négativité en moi parce que je reste humaine avec toutes les nuances que ça implique, à 30 ans j’apprends enfin à être plus optimiste et il était temps, moi la grande pessimiste que je suis (bon faut pas rêver, je vais pas non plus me mettre à dessiner des petits coeurs partout et à chanter tel un petit oiseau dans la rosée du matin #çaveutriendire).
Au final, j’ai pas de maison, pas de golden retriever et chuis pas marié (et je suis pas non plus devenue "maîtresse le jour et prostitouchkov la nuit") mais ma vie me convient telle qu’elle est. Elle n’est pas parfaite, loin de là, mais à 30 ans j'atteint peut-être ce qu'on appelle la "maturité". Ma maturité à moi elle réside pas dans le fait d'avoir le parfait petit package de la vie d'adulte, elle réside plutôt dans le fait d'être plus sereine et d'embrasser complètement la personne que je suis. Et ça les gars, je peux vous dire qu'on est sur la bonne voie !
